Glossaire 2: termes de zoologie générale, partie 1: écologie, biodiversité, comportement, interactions

Ce second glossaire regroupe les termes techniques de biologie dont l'usage n'est pas réservé à l'arachnologie. Vous trouverez le vocabulaire spécifique à l'arachnologie dans le glossaire 1.
Les mots en vert et en gras dans les articles sont cliquables et vous renverront vers l'un de ces glossaires.
Un mot en gras dans une définition indique que ce terme est lui aussi défini, ailleurs, dans le glossaire.
La biologie étant un domaine très vaste et riche en jargon, ce lexique s'est avéré extrêmement long, ce qui n'est pas pratique pour y retrouver facilement un mot. Il a donc été divisé en deux parties, celle-ci étant la première, qui inclut le vocabulaire des comportements et interactions, de l'écologie et de la biodiversité, et des venins, toxines et poisons.
Retrouvez la seconde partie, qui inclut le langage de la classification, de la biogéographie et de la paléontologie, ici.
Comme le premier glossaire, il n'est pas absolument exhaustif, et ne regroupe que les mots employés dans les articles, ou fortement susceptibles de l'être un jour.

1. Comportement, interactions:

Aposématisme: Signal visuel d'avertissement (généralement une coloration vive et contrastée, parfois accompagnée d'une parade défensive qui la met en évidence) arboré par un animal venimeux, vénéneux ou doté d'une défense autre (goût ou odeur désagréable, épines...) à destination des prédateurs potentiels. Une coloration aposématique est généralement caractérisée par un motif simple et frappant (comme des anneaux, des bandes ou des points) et un contraste très net entre les couleurs (souvent une couleur sombre comme du noir et une ou plusieurs couleurs vives et claires, comme du jaune, du blanc, du orange ou du rouge). C'est le contraste, plutôt que la couleur, qui caractérise les colorations aposématiques. 

Le criquet moussant africain (Dictyophorus spumans) est très gros, lent, et arbore de vives couleurs aposématiques, avertissant ses prédateurs potentiels qu'il est hautement toxique

Aranéophage: animal prédateur qui se nourrit principalement ou exclusivement d'araignées. Il existe beaucoup d'espèces d'araignées aranéophages, comportement qui est à distinguer du cannibalisme car les proies principales de ces araignées ne sont pas de leur propre espèce. 

Les étranges araignées du genre Rhomphaea sont aranéophages: elles se nourrissent d'autres araignées (celle-ci vient de finir d'emballer une épeire du genre Cyclosa)

Camouflage: Stratagème extrêmement répandu chez les animaux, qui consiste à se rendre difficile à repérer sans avoir à se cacher, soit en imitant la couleur et/ou la texture de son support, soit en imitant un élément particulier de l'environnement (mimèse), soit en arborant des couleurs et/ou des formes qui brouillent les contours du corps et rendent l'animal difficile à reconnaître, soit en se décorant le corps avec des éléments prélevés dans le milieu. Le camouflage est aussi bien utilisé par les prédateurs que par les proies. 

Cette araignée (Hersilia sp.) n'a pas besoin de se cacher pour se rendre invisible: sa coloration, qui imite celle du lichen, gomme les ombres et brouille ses contours, la camoufle parfaitement.

Cannibalisme: Comportement qui consiste à consommer un membre de sa propre espèce. Une araignée qui en mange une autre, un serpent qui en mange un autre, ne sont du cannibalisme que si les deux sont de la même espèce. Il peut se produire dans le cadre d'un affrontement territorial, d'un accouplement (cannibalisme sexuel), de la matriphagie ou en cas de manque de nourriture.

Cleptoparasite: Se dit d'un animal carnivore qui se nourrit en volant tout ou partie de la proie d'un prédateur. Le cleptoparasite peut opérer en éloignant le prédateur de sa proie par la force ou le nombre, ou en comptant sur la discrétion pour prélever une partie du repas sans qu'il s'en aperçoive. Le comportement de cleptoparasite est proche de celui d'un charognard (d'ailleurs beaucoup d'espèces font les deux à la fois), mais le charognard attend que le prédateur ait fini de manger pour prélever sa part, pas le cleptoparasite. La plupart ne s'adonnent à cette pratique que de manière occasionnelle et opportuniste (ours, hyènes, lions, goélands, Corvidés par exemple), mais quelques espèces sont principalement ou strictement cleptoparasites (araignées du genre Argyrodes, oiseaux du genre Stercorarius, par exemple). On trouve parfois l'orthographe anglaise "kleptoparasite" dans les textes en français.

Les mouches-chacals (Milichiidae) pratiquent le cleptoparasitisme sur les proies des araignées et des insectes prédateurs comme les réduves ou les mantes (ici sur la proie d'une Araneus quadratus)

Commensalisme: Association durable entre deux organismes d'espèces différentes, qui ne bénéficie qu'à un des deux mais n'est pas délétère pour l'autre. L'espèce commensale (celle qui tire un bénéfice de la relation) peut être un commensal accessoire ou obligatoire de l'hôte, suivant si elle peut ou non survivre sans lui. L'hôte, lui, peut sans problème vivre et même prospérer en l'absence du commensal (dans le cas contraire, il ne s'agirait pas de commensalisme mais de symbiose). De nombreuses espèces entretiennent une relation de commensalisme (souvent accessoire, parfois obligatoire) avec les humains. 

Pholcus phalangioides est un commensal de l'espèce humaine: nos constructions constituent son habitat favori

Disruptif (camouflage): Se dit d'un camouflage à base de motifs réguliers et géométriques, et de couleurs contrastées, claires et sombres en alternance, souvent assez vives mais que l'on retrouve dans le milieu environnant. Ces motifs géométriques fonctionnent comme un camouflage en "cassant" les contours de l'animal et en créant de fausses ombres, ce qui rend sa forme difficile à reconnaître.

Les motifs contrastés et géométriques de cette vipère heurtante (Bitis arietans) brouillent les lignes et les contours de son corps, perturbant l’œil de l'observateur, qui a du mal à analyser ce qu'il voit; c'est un camouflage disruptif.

Hématophage: qui se nourrit du sang d'un autre animal (exemple: moustiques).

Homochromie: Ressemblance entre la coloration d'un animal et celle de son support préféré ou de son environnement proche. L'homochromie, souvent associée à des motifs disruptifs qui brouillent les lignes du corps, est un mode de camouflage extrêmement répandu dans le règne animal.

Dans les herbes sèches, l'homochromie de ce criquet (Chorthippus sp.) le rend très difficile à repérer.

Matriphagie: Cas particulier de cannibalisme où une mère se laisse manger par ses petits pour les nourrir. C'est un comportement très peu répandu dans le règne animal.

Les Amaurobius spp. sont parmi les très rares araignées qui pratiquent la matriphagie

Mimèse (anglais: mimesis): Forme particulière de camouflage qui consiste à imiter, avec son corps entier et non juste la couleur ou la texture de la peau, un objet inanimé particulier de son environnement, comme une feuille, une brindille, une pierre... Le terme de mimétisme cryptique est plus répandu que "mimèse" en langue française, mais entretient la confusion entre camouflage et mimétisme. La mimèse se distingue des autres types de camouflage par le fait que, même sur un arrière-plan où l'animal ressort parfaitement, il continue à ressembler à l'objet qu'il cherche à imiter (un phasme n'a pas besoin d'être au milieu des brindilles pour être pris pour une brindille).

Les phasmes, avec leur corps qui imite parfaitement des brindilles ou des feuilles, sont l'un des exemples les plus représentatifs de mimèse. Contrairement à d'autres animaux qui se camouflent sans mimèse, même sorti du décor, il serait difficile de ne pas prendre ce phasme pour une brindille, même en le sortant de son environnement.

Mimétisme (anglais: mimicry): Le fait d'imiter, par la coloration, la morphologie, le comportement, le son et/ou l'odeur, un animal ou une partie d'un animal, généralement d'une autre espèce non apparentée. Il existe de nombreux types différents de mimétismes, qui correspondent à différentes fonctions. Parmi les plus répandus, on parle de:

• mimétisme batésien, quand une espèce sans défense (ou moins bien armée que son modèle) imite une espèce dotée de défenses plus efficaces, souvent en adoptant la même coloration aposématique. 
• Mimétisme müllerien, quand plusieurs organismes toxiques, venimeux ou armés, d'espèces différentes, adoptent la même robe aposématique, ce qui fait qu'un prédateur qui aura une mauvaise expérience avec n'importe laquelle de ces espèces apprendra à les éviter toutes.
• Mimétisme agressif, quand un prédateur (ou un parasite) imite l'aspect, l'odeur et/ou le comportement de sa proie favorite ou de quelque chose que celle-ci convoite ou accepte dans son entourage, afin de l'attirer, ou d'endormir sa méfiance. Exceptionnellement, le mimétisme agressif peut aussi avoir un autre but que la prédation (cas des bivalves d'eau douce du genre Lampsilis, par exemple, qui attirent les black-bass, que leurs larves parasitent, avec des leurres imitant de petits poissons, ou du coucou gris, dont la robe imite celle d'un épervier, ce qui fait fuir les petits oiseaux nicheurs et lui permet de pondre ses propres œufs dans leur nid). 
• Automimétisme ou mimétisme intra-spécifique, quand une espèce animale est dotée d'une structure sur le corps dont l'aspect imite une autre partie de son corps, afin de leurrer les prédateurs potentiels et de les détourner des organes vitaux. Les faux yeux sur les ailes ou les nageoires sont un exemple classique de ce type de mimétisme.
  

Dans le langage courant, le mimétisme est fréquemment confondu avec la mimèse et le camouflage, mais il ne s'agit pas de la même chose (dans le mimétisme au sens strict, le modèle est un autre animal et non un élément du décor). Une condition importante du mimétisme (sauf dans le cas du mimétisme müllerien) est que le mime doit être moins abondant que son modèle, faute de quoi il perdrait son efficacité.

Les éristales (Eristalis spp.) sont des mouches sans défense, mais dont la taille, la couleur et l'allure sont similaires à des abeilles; c'est un exemple de mimétisme batésien.

Les araignées du genre Zodarion chassent les fourmis, qu'elles approchent en imitant leurs mouvements et leur signaux, et en se couvrant de leur odeur, pour pouvoir les capturer sans être attaquées par la colonie; il s'agit de mimétisme agressif

Le thécla du nerprun (Satyrium spini) possède, à l'arrière des ailes, un ensemble de taches, de longues soies et d'excroissances qui ressemblent à sa tête, avec de faux yeux et de fausses antennes; c'est un exemple d'automimétisme, cette fausse tête permettant de désorienter un prédateur potentiel, et de détourner une attaque vers cette partie non vitale, ce qui donne au papillon un temps supplémentaire pour réagir.

Le grand monarque (Danaus plexippus) est toxique et a très mauvais goût. A travers son aire de répartition, plusieurs autres espèces de papillons également toxiques, comme la reine (Danaus gilippus), plusieurs autres espèces du genre Danaus, le vice-roi (Limenitis archippus), ou encore le flambeau (Dryas iulia) présentent des colorations plus ou moins similaires; il est généralement admis qu'ils forment un complexe de mimétisme müllerien, partageant le même signal aposématique.

Mutualisme: Association entre organismes d'espèces différentes, qui apporte un bénéfice aux deux. La relation peut être permanente ou temporaire et occasionnelle, facultative ou obligatoire. Le mutualisme est extrêmement répandu dans le monde vivant, et représente un moteur majeur de sélection naturelle, d'une importance probablement égale à celle de la compétition interspécifique. En français, on appelle symbiose une relation mutualiste durable dont au moins un des organismes impliqués dépend pour sa survie. 

La pollinisation des plantes à fleurs par les animaux est l'un des exemples les plus répandus de mutualisme, et un moteur majeur de coévolution entre plantes et pollinisateurs.

 

Myrmécomorphie: Cas particulier de mimétisme où le modèle est une fourmi. Il peut s'agir de mimétisme batésien, le mime cherchant à imiter une fourmi parce qu'elles sont évitées par de nombreux prédateurs, ou de mimétisme agressif parce que le mime se nourrit de fourmis. Il existe également des cas où le mime imite une fourmi car il vit en association avec ces dernières.

Cette araignée sauteuse (Leptorchestes mutilloides) est myrmécomorphe; elle ne chasse pas spécialement les fourmis, mais cette ressemblance la protège des prédateurs; c'est donc du mimétisme batésien.

Myrmécophage: qui se nourrit uniquement ou principalement de fourmis.

Myrmécophilie: Association d'un organisme vivant avec des fourmis. Les espèces myrmécophiles peuvent être mutualistes, parasites, symbiotiques ou commensales.

L'étrange insecte Atelura formicaria (du même ordre que les poissons d'argent) est myrmécophile: c'est un commensal obligatoire des fourmis. Il vit dans les colonies et se nourrit de leurs déchets.

Néophilie: Comportement de curiosité, voire d'attraction, à l'égard des éléments nouveaux ou, du moins, inconnus, de son environnement. Ce comportement est particulièrement représenté chez les animaux à comportement alimentaire opportuniste (par exemple renards, orques, Corvidés, ou encore les Primates, humains compris), car il leur offre l'avantage de pouvoir découvrir et profiter sans compétition de ressources nouvelles et inédites, dont des animaux plus "méfiants" n'ont pas encore appris à tirer parti.

Parasitisme: Relation entre deux organismes, qui bénéficie à l'un aux dépens de l'autre. On peut distinguer le parasite au sens strict du parasitoïde, car il ne tue pas son hôte (sauf accident), ayant besoin de lui pour survivre. On appelle ectoparasite un parasite qui vit à la surface du corps de l'hôte, et endoparasite un parasite qui vit à l'intérieur de son corps.

Groupe d'acariens parasites (les boules orange) sur une araignée cracheuse (Scytodes sp.)

Parasitoïde: Qualifie un animal qui en parasite un autre durant une partie de son cycle de vie, mais se distingue du parasite au sens strict car il tue toujours son hôte à la fin de son développement (le parasite, lui, ne tue pas son hôte, même s'il peut accidentellement l'affaiblir au point de le tuer, ou lui transmettre une maladie).

Les guêpes pompiles sont des parasitoïdes d'araignées: la guêpe paralyse une araignée, l'enterre, pond un oeuf dessus, puis sa larve se nourrit de l'araignée paralysée.

Phorésie: Comportement d'un organisme vivant (généralement un animal) qui s'accroche temporairement à un autre pour se laisser transporter, se déplaçant ainsi sur de longues distances en économisant son énergie. Contrairement au parasite, l'organisme phorétique ne tire rien d'autre de son hôte qu'un déplacement sans effort, et ne lui fait pas de mal (à part, éventuellement, l'alourdir et le ralentir), et contrairement au commensalisme, la phorésie est temporaire. Chez les arachnides, les pseudoscorpions et certains acariens pratiquent fréquemment la phorésie. En milieu marin, les rémoras (famille des Echeneidae) sont un célèbre exemple de phorésie. Certaines plantes comme les bardanes ou l'aigremoine produisent des fruits ou des graines dotés de crochets, qui se répandent par phorésie en s'accrochant à la fourrure des mammifères (ou aux vêtements).

Exemple de phorésie: Pseudoscorpion se laissant transporter, cramponné à la patte d'un opilion (Nelima gothica)

Synanthrope (= anthropophile): Se dit d'une espèce sauvage ou férale (retournée à l'état sauvage) qui recherche le voisinage des humains. Les espèces anthropophiles peuvent être commensales des humains, ou simplement être attirées, fréquemment ou plus occasionnellement, par les ressources (déchets, chauffage, habitats, pression de prédation et compétition plus faibles...) qu'offre la proximité avec notre espèce.

Le rougegorge familier (Erithacus rubecula) est un oiseau volontiers synanthrope, qui fréquente les jardins et se montre souvent peu farouche envers les humains.

Symbiose: Relation durable et mutuellement bénéfique entre des organismes d'espèces différentes, nécessaire à la survie d'au moins un d'entre eux. Elle est un cas particulier de mutualisme. Il est important de garder à l'esprit que ce terme n'a pas la même signification en français et en anglais: dans la littérature anglophone récente, le terme symbiosis désigne tout type d'interaction durable entre des organismes d'espèces différentes, qu'il s'agisse de mutualisme, de commensalisme ou de parasitisme.

Thanatose: comportement défensif qui consiste à simuler la mort en cas de danger. Même si ce comportement peut paraître contre-productif au premier abord (très peu de prédateurs sont rebutés par les proies déjà mortes), il est en fait assez efficace: certains animaux prédateurs (lézards et grenouilles par exemple) ont du mal à repérer une proie qui ne bouge pas, et beaucoup d'autres se désintéressent rapidement d'une proie immobile, particulièrement si celle-ci est camouflée et/ou difficile à repérer (chercher longtemps un petit animal représente une dépense d'énergie trop importante par rapport au gain énergétique faible qu'apporterait le repas). La thanatose peut aussi être associée au dégagement d'une substance malodorante (chez la couleuvre à collier, par exemple) qui rend l'effet plus convaincant et/ou rebute le prédateur.

En cas de danger, l'araignée rétiaire (Menneus sp.) pratique la thanatose; parfaitement immobile, avec son corps en forme de brindille, elle est particulièrement difficile à repérer parmi les débris végétaux qui jonchent le sol de la forêt

Thermorégulation: régulation de la température interne, à la fois par des moyens physiologiques internes (mobilisation des réserves d'énergie, modification de la circulation sanguine, transpiration...) et comportementaux (bains de soleil, positionnement, bains d'eau ou de boue, changement de rythme de vie...). Chez les animaux endothermes ("à sang chaud"), l'essentiel de la thermorégulation est physiologique, alors que chez les ectothermes ("à sang froid"), le comportement joue un rôle plus important.

Les bains de soleil sont un célèbre comportement de thermorégulation pratiqué par les lézards. Certaines espèces peuvent optimiser l'efficacité de ceux-ci en changeant de couleur, adoptant une teinte plus sombre qui absorbe mieux la chaleur.

2. Écologie, biodiversité

Biodiversité: Variété du vivant dans un milieu donné à une époque donnée. Il existe plusieurs niveaux de biodiversité. La biodiversité génétique désigne le nombre total de lignées génétiquement distinctes au sein d'une même espèce.
La biodiversité spécifique, celle dont on parle le plus souvent quand on emploie simplement le terme "biodiversité", désigne le nombre total d'espèces différentes présentes dans le milieu.
La biodiversité phylétique désigne le nombre total de grands groupes distincts présents dans le milieu (un milieu avec de nombreuses espèces, mais où la plupart de ces espèces sont de proches cousines, aura une biodiversité spécifique élevée mais une diversité phylétique faible. En revanche, un milieu qui contient peu d'espèces, mais où la plupart de celles-ci appartiennent à des lignées très différentes, aura une diversité spécifique faible mais une diversité phylétique haute).
La biodiversité fonctionnelle représente la variété des niches écologiques, des "rôles" observables remplis par les organismes vivants au sein d'un milieu, et la biodiversité écosystémique représente la variété des écosystèmes dans un milieu et des différents milieux de vie dans une région donnée. 

Un exemple de biodiversité phylétique élevée: sous une seule pierre de l'estran breton, huit lignées très différentes: une porcellane (phylum des Arthropodes), un gastéropode (phylum des Mollusques), des éponges (phylum des Porifera), des spirorbes (phylum des Annélides), des tuniciers (phylum des Chordés), des zostères (des Angiospermes, c'est-à-dire des plantes à fleurs), des algues vertes (phylum des Chlorophyta), et des algues rouges encroûtantes (phylum des Rhodophyta).

Bioindicateur, -rice: Se dit d'espèces, ou de cortèges d'espèces, particulièrement sensibles à certains paramètres environnementaux (polluants, températures, oxygénation, dérangement...) dont la présence et l'abondance dans un milieu sera utilisée pour estimer son état de santé. 

Très sensibles à certains polluants, les tritons sont considérés comme des bioindicateurs de qualité de l'eau.

Biomasse (en écologie): Quantité totale de matière vivante dans un environnement donné. La biomasse n'est pas forcément proportionnelle à la biodiversité: elle dépend de l'abondance des individus vivants dans le milieu. Un milieu pauvre en biodiversité peut contenir une biomasse importante (un kilomètre carré d'arbres plantés en monoculture intensive, par exemple), tandis qu'un milieu à faible biomasse peut tout de même avoir une biodiversité élevée (par exemple un kilomètre carré de semi-désert).
Dans la plupart des milieux terrestres (hors déserts et calottes polaires), la biomasse animale ne représente qu'une minuscule portion de la biomasse totale du milieu, dont l'écrasante majorité est constituée par les plantes et les bactéries.

Dans la plupart des milieux terrestres, les fourmis sont extrêmement abondantes et représentent une part importante de la biomasse animale

Dimorphisme: Cas de polymorphisme où l'on retrouve, au sein d'une même espèce, deux formes nettement distinctes, d'aspect différent. Très souvent, ces différences sont liées au sexe, et on parle de dimorphisme sexuel.

Beaucoup d'espèces d'araignées présentent un dimorphisme sexuel très marqué; le mâle d'Argiope lobata est considérablement plus petit que la femelle, et de forme différente.

Disparité: Variété des formes, aspects et plans d'organisation au sein d'un taxon. Un groupe à forte disparité est un groupe qui contient des représentants très différents les uns des autres. L'ordre des Clupéiformes (harengs, aloses, sardines, anchois...), par exemple, présente une faible disparité: les quelques 400 espèces de l'ordre ont un net "air de famille", avec une allure caractéristique "de sardine": un corps argenté, profilé et comprimé latéralement, une grosse tête avec de grands yeux et une large bouche, et des nageoires relativement petites, sauf la caudale, assez puissante.
L'ordre des Siluriformes (poissons-chats) au contraire, a une diversité élevée (3000 à 4500 espèces) mais aussi une très forte disparité, avec des tailles variant de 1 à plus de 300 cm, toutes sortes de formes, de couleurs et de modes de vie, des espèces venimeuses, des espèces capables de produire des décharges électriques, et même des parasites.

Écologie: vaste discipline scientifique qui étudie les environnements naturels et les organismes qui les habitent comme un système interconnecté, et la façon dont les différents paramètres et composants de ces systèmes s'influencent les uns les autres. Un expert en écologie est un écologue. Il est important de ne pas confondre l'écologie en tant que discipline scientifique (celle des écologues) et l'idéologie politique et socioéconomique du même nom (celle des écologistes).

Endogé: qui vit dans le sol (contrairement aux espèces épigées qui vivent à la surface).

Epigé: qui vit sur la surface du sol (au contraire des espèces endogées et cavernicoles qui habitent sous la surface).

Euryèce: Se dit d'une espèce peu exigeante sur son milieu de vie, que l'on peut retrouver dans une grande variété d'habitats différents. Les cas les plus extrêmes d'espèces euryèces, celles qu'on peut rencontrer dans pratiquement tout les milieux de leur zone de vie, sont aussi qualifiées d'ubiquistes.

Faune: ensemble des espèces animales d'un milieu donné à une époque donnée. On peut parler de paléofaune pour désigner la faune d'un environnement fossile. La faunistique est l'étude quantitative ou qualitative d'une faune dans son ensemble, et de sa composition. 

Flore: ensemble des espèces végétales d'un milieu donné à une époque donnée. Historiquement, le concept de flore incluait toutes les formes de vie non animales, notamment les plantes au sens strict, les champignons au sens large, les bactéries et les archées. Aujourd'hui, en biologie, la tendance va plutôt vers une restriction de ce terme aux seules plantes au sens strict (règne des Plantae), unicellulaires ou multicellulaires. Le terme de "flore bactérienne" reste cependant fréquent dans le langage médical et courant. La floristique est l'étude quantitative ou qualitative d'une flore dans son ensemble. 

Invasive: Se dit d'une espèce introduite établie (elle s'y reproduit avec succès) dans une région donnée, dont la présence, récente et due à l'activité humaine, perturbe l'équilibre de l'écosystème où elle s'est installée, au point de menacer une ou plusieurs espèces natives de ce milieu. On parle aussi (et plutôt) d'espèce exotique envahissante. Même si les animaux invasifs attirent plus l'attention du public, la majorité des espèces exotiques envahissantes sont en fait des plantes. 

Plusieurs espèces de cactus du genre Opuntia (figuiers de Barbarie), originaire du continent Américain, sont invasives dans les régions sèches ou arides de la planète (ici Opuntia engelmannii dans le Parc National des Calanques)

Mégadivers: Se dit d'une entité géographique ou systématique qui inclut une biodiversité particulièrement élevée.
On parle de "points chauds" de biodiversité, ou de régions mégadiverses, pour les régions du monde qui abritent une biodiversité spécifique particulièrement élevée, comme le bassin Amazonien, la province du Cap, en Afrique du Sud, la forêt tropicale Centrafricaine, Madagascar ou l'Australie.
On parle de groupes mégadivers dans le cas de taxons qui incluent une diversité d'espèces différentes particulièrement élevée: avec 25 000 espèces, les Orchidaceae sont une famille mégadiverse au sein des Monocotylédones. Avec près de 400 000 espèces, les Coléoptères sont un ordre mégadivers à l'échelle des insectes, tandis que la classe des insectes est elle-même mégadiverse à l'échelle du règne animal, puisqu'elle inclut plus d'un million d'espèces décrites, et cinq de ses ordres incluent plus de 100 000 espèces.

En raison de sa position géographique et de sa topographie, qui permettent la coexistence d'une mosaïque de milieux très différents, et donc d'une myriade d'espèces vivantes occupant ces différents milieux, la province du Cap, en Afrique du Sud, est une région mégadiverse malgré sa taille relativement petite

Mégafaune: Portion de la faune d'un milieu donné, à une époque donnée, qui inclut les plus grands de ses représentants. Les limites du concept de mégafaune sont arbitraires et dépendantes du contexte. Quand on parle de vertébrés terrestres actuels, le terme de "mégafaune" comprend généralement les espèces de plus de 45 kg. Comme les animaux de très grande taille ont besoin de considérablement plus de ressources que les plus petits, la mégafaune constitue une proportion très faible (mais la plus visible) de la biodiversité d'un écosystème.
Ces espèces  présentent en général des caractéristiques comme une espérance de vie longue, une faible natalité et des besoins importants en termes d'espace de vie et de nourriture. La mégafaune est donc particulièrement vulnérable aux menaces qui pèsent sur son environnement, mais, composée des animaux les plus impressionnants et charismatiques d'un milieu, elle est aussi, de très loin, la portion de la biodiversité qui bénéficie des plus importants efforts de conservation. 

La mégafaune est particulièrement vulnérable, mais elle est aussi la portion la mieux connue et la plus protégée de la biodiversité.

Polymorphisme: variété des apparences que peuvent avoir les différents individus d'une même espèce. Le polymorphisme peut être lié au développement (différences entre individus juvéniles et adultes) au sexe, à des populations distinctes, ou au contraire exister entre individus de même sexe et de même stade, au sein d'une même population. Un changement de couleurs chez un individu (cas des caméléons, par exemple) n'est pas du polymorphisme. Pour l'observateur, le polymorphisme d'une espèce peut poser des problèmes d'identification, et être une importante difficulté pour le codage des caractères lors de l'élaboration d'une phylogénie.

Les femelles du thomise Napoléon (Synema globosum) présentent un polymorphisme: au sein d'une même population, elles peuvent être rouges, jaunes ou blanches. Ces couleurs sont héritables: une femelle rouge donnera surtout des femelles rouges dans sa descendance, pareil pour les blanches.

Sciaphile: qui aime vivre dans les endroits obscurs. Ce qualificatif ne s'applique pas aux organismes endogés ou cavernicoles; il qualifie spécifiquement ceux qui recherchent l'ombre dans les milieux éclairés par la lumière du jour.

Terricole: qui vit dans un terrier et y passe le plus clair de son temps.

Atypus affinis est une mygale strictement terricole: elle ne quitte jamais son terrier prolongé d'un tube de soie

Thermophile: Terme qui peut avoir deux sens en fonction du cntexte:
- Peut se dire d'un organisme vivant (archées et bactéries, principalement) capable de survivre et proliférer dans des eaux extrêmement chaudes (sources hydrothermales)
 - Peut aussi se dire d'une espèce dont la présence est restreinte aux milieux ou micro-habitats les plus chauds et ensoleillés d'une région donnée, ou qui reste significativement plus abondante dans ces milieux qu'ailleurs.

Troglobie: Se dit d'une espèce strictement cavernicole, qui passe l'ensemble de son existence en milieu souterrain et ne peut pas survivre ailleurs.

Troglophile: Se dit d'une espèce principalement cavernicole, que l'on rencontre surtout en milieu souterrain mais qui peut survivre en surface, ou partiellement cavernicole, qui a absolument besoin de passer une partie de sa vie en milieu souterrain mais passe aussi une partie de son existence à la surface.

Meta menardi, une grosse araignée troglophile, commune dans les cavités souterraines naturelles ou artificielles (bunkers, tunnels, caves, égouts...) d'Europe

Trogloxène: Se dit d'une espèce non cavernicole, mais occasionnellement observée en milieu souterrain (exemple: les tégénaires).

 

3. Venins, toxines, toxicologie:

Antivenin (sérum antivenimeux): Sérum sanguin purifié d'un animal rendu immunisé contre un ou plusieurs venins, qui, injecté à une autre espèce, pourra neutraliser ponctuellement ce(s) venin(s). Les sérums antivenimeux sont utilisés pour combattre les envenimations sévères.

Cytotoxique : Qui provoque la mort des cellules, et donc une nécrose d'un tissu cellulaire. On trouve parfois le terme cytotoxine, qui désigne une toxine à effet cytotoxique. 

Le venin de Loxosceles rufescens contient une toxine cytotoxique, la sphingomyélinase D

Envenimation: terme qui désigne à la fois l'administration du venin (par morsure, piqûre ou autre) par l'organisme venimeux à un autre organisme vivant (qui est alors qualifié d'envenimé), et l'action du venin sur l'organisme envenimé.

Hémolytique: Qui provoque l'hémolyse, c'est-à-dire la destruction des globules rouges sanguins.

Hémotoxique: qui perturbe ou empêche la circulation sanguine.

Le venin du boomslang (Dispholidus typus) est hautement hémotoxique pour les vertébrés, perturbant la coagulation sanguine et causant des hémorragies

LD50: Mesure de létalité d'une substance toxique, qui correspond à la dose minimale nécessaire pour tuer 50% d'une population d'organismes-tests. Les mesures de LD50 permettent de comparer la toxicité de substances aux modes d'action différents, et, dans une certaine mesure, donnent une idée de la toxicité potentielle de la substance pour les espèces apparentées à l'organisme-test. Cependant, la sensibilité aux agents toxiques varie énormément d'une espèce à l'autre, d'une souche à l'autre au sein d'une même espèce, et même d'un individu à l'autre au sein d'une même souche (d'où l'importance de tester un échantillon vaste). Le choix du seuil de 50% est arbitraire, on pourrait éventuellement utiliser des mesures comme la LD20 ou la LD100, mais la LD50 est la plus répandue.

Local (envenimation locale): se dit d'une envenimation qui se manifeste par des symptômes, graves ou non, qui affectent uniquement la zone envenimée et ses environs immédiats.
Exemple de symptômes qualifiant une envenimation locale dans un cas de piqûre à la deuxième phalange du pouce droit par un scorpion (ce cas est inventé à titre d'exemple et ne fait pas expressément référence à des observations réelles): douleur persistante dans l'extrémité du pouce, rougeur à l'extrémité du pouce, enflure des deux phalanges du pouce, fourmillements et contractures musculaires dans les doigts de la main droite.

Myotoxique: Qui perturbe ou empêche le fonctionnement normal des muscles, et/ou abîme les tissus musculaires.

Nécrose: phénomène de mort localisée d'un tissu due à la destruction des cellules qui le composent. On parle de nécrose cutanée quand c'est la peau qui est atteinte.

Neurotoxique: Qui perturbe ou empêche la transmission nerveuse. On trouve parfois le terme neurotoxine, qui désigne une toxine à effet neurotoxique. 

Sur les insectes, le venin de cette araignée-crabe (Synema globosum) présente un effet neurotoxique très marqué, provoquant une paralysie foudroyante (les mammifères n'ont rien à craindre de ce venin)

Poison: Terme vague désignant toute substance affectant négativement le fonctionnement d'un organisme vivant. Les venins comme les toxines sont des poisons, mais tous les poisons ne sont pas des venins. Un poison peut ou non être constitué d'une ou plusieurs toxines.

Systémique (envenimation systémique): se dit d'une envenimation qui présente des symptômes, graves ou non, qui affectent l'ensemble de l'organisme, certaines fonctions vitales et/ou se manifestent dans des zones très éloignées de la partie envenimée.
Exemple de symptômes qualifiant une envenimation systémique suite à une piqûre de scorpion dans la deuxième phalange du pouce droit (ce cas est inventé à titre d'exemple et ne fait pas expressément référence à des observations réelles): céphalées, nausées, difficultés respiratoires, tachycardie, contractures des muscles abdominaux.

Toxine: Principe actif composé d'une seule espèce moléculaire, fabriquée par un organisme vivant, qui présente un effet toxique sur d'autres organismes vivants. Un venin est constitué de plusieurs toxines.

Vénéneux: Qui produit ou contient une substance toxique qui n'est pas du venin.

Le criquet élégant (Zonocerus elegans) stocke dans son corps des composés toxiques qu'il trouve dans son alimentation; on peut le qualifier de vénéneux (même s'il est peu toxique pour les humains, qui le consomment parfois)

Venimeux: Qui produit du venin. Un animal peut être classé comme venimeux actif s'il produit du venin et dispose d'un moyen de l'injecter dans un autre organisme. Il est dit venimeux passif s'il produit du venin mais n'a pas de moyen de l'injecter, celui-ci devant donc être administré à la cible par contact ou ingestion.
Alors qu'en langue anglaise, la différence entre venomous et poisonous est principalement basée sur le mode d'administration du poison (venomous équivaut à "venimeux actif" et poisonous à "vénéneux" ou "venimeux passif"), ce n'est pas (plus) la différence entre "venimeux" et "vénéneux"en langue française.

Tous les Cnidaires sont des animaux venimeux actifs, dotés d'un appareil venimeux hautement sophistiqué. La plupart d'entre eux sont cependant inoffensifs pour les humains.

Venin: Substance complexe, constituée d'un cocktail de plusieurs toxines dont au moins une partie sont des protéines, sécrétée par un organe spécialisé, et utilisée comme arme par l'animal qui la produit, contre d'autres organismes vivants (pour se défendre ou pour chasser).

Vulnérant: Se dit d'un organe dont la fonction est de blesser un autre animal, et qui, chez les animaux venimeux actifs, sert à créer une blessure pour y injecter le venin. Chez ceux-ci, il dérive souvent d'un organe préexistant plus ou moins modifié pour cet usage: le dard des guêpes est un ovipositeur transformé, les crochets des serpents sont des dents, les épines venimeuses des rascasses sont des rayons des nageoires...
Bien évidemment, puisque l'organe vulnérant dérive généralement de structures pré-existantes, celui-ci peut exister sans forcément faire partie d'un appareil venimeux (beaucoup d'animaux non venimeux sont dotés de griffes, de dents ou d'épines qui peuvent avoir un rôle défensif et/ou offensif).

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