Glossaire 1: termes techniques d'arachnologie

Quand on fait de la vulgarisation scientifique, le défi le plus épineux est de simplifier au maximum le propos en évitant absolument de le déformer. Le problème c'est qu'en science, on utilise beaucoup de vocabulaire hermétique, avec des mots compliqués et/ou rarement utilisés dans le langage courant. Pour le grand public, ce jargon est malheureusement un des principaux freins à l'accès aux écrits scientifiques, et une source fréquente de découragement pour qui cherche à s'y intéresser.

Minimiser l'usage de ces termes rend le propos plus abordable, mais il est souvent impossible de les éviter ou de les remplacer totalement sans faire d'approximations abusives. Si les scientifiques utilisent ces mots, ce n'est pas pour se donner l'air savants: ils sont là pour exprimer un concept généralement assez complexe et long à expliquer.

Dans les articles du blog, en particulier les Spider Tales, il a été impossible d'éviter certains de ces termes. Deux solutions ont été tentées (un lien vers la définition de Wikipédia, ou une définition entre parenthèses) mais aucune des deux n'est entièrement satisfaisante. Les définitions entre parenthèses alourdissent atrocement le texte, et les définitions de Wikipédia ne sont pas toujours simples ni claires.

L'idée d'un glossaire constitue une solution intermédiaire, qui contournera (espérons) les défauts des deux autres. Afin de le maintenir à une longueur acceptable, il sera divisé en deux volumes: un pour le lexique strictement arachnologique, et un pour les termes de biologie plus générale.
Les mots en vert et en gras dans les articles sont cliquables et vous reverront vers l'un de ces glossaires. Quand un terme est écrit en gras dans une définition, c'est qu'il est lui-même défini ailleurs dans le glossaire.

Ces glossaires ne sont pas exhaustifs; ils ne listent que les termes utilisés dans les articles, ou fortement susceptibles de l'être un jour. Ils seront enrichis si le besoin s'en fait sentir.

Il s'agit ici du premier volume, qui réunit les termes spécifiques à l'arachnologie.

Anatomie d'une araignée (D'après Dippenaar-Schoeman & Jocqué, 2008)

 

A.

Abdomen: Partie arrière du corps des Arthropodes, où se trouvent les viscères. Chez les arachnides, c'est dans l'abdomen que l'on trouve l'essentiel du système digestif, le cœur, les organes respiratoires (le plus souvent) et l'appareil génital. Il est normalement constitué d'une série de segments distincts marqués par des plaques dorsales (tergites) et ventrales (sternites) liées ensemble par une cuticule souple. Chez les araignées, cette segmentation est régressée et l'abdomen entier est seulement recouvert d'une cuticule souple (des tergites existent encore chez les Mesothelae). Chez les amblypyges et les araignées, l'abdomen est distinctement séparé du céphalothorax par un net resserrement, ce qui n'est pas le cas chez les autres Arachnides.

Les Opilions ont un abdomen nettement segmenté, qui, contrairement à celui des araignées, n'est pas séparé du céphalothorax par un fort resserrement.

Apophyse: excroissance de tégument, non articulée. Chez les araignées, les pédipalpes des mâles sont modifiés en organes copulateurs et portent fréquemment différentes apophyses dont la présence ou l'absence est utilisée pour la classification des familles, et dont la forme est souvent utile pour l'identification des espèces.

Exemple d'apophyse: l'apophyse tibiale rétrolatérale (RTA), présente sur le tibia du pédipalpe des mâles de certaines araignées (sa présence définit le clade RTA, qui regroupe presque la moitié des espèces d'araignées actuelles).

 

Appendices (arthropodiens): Structures mobiles paires, caractéristiques des arthropodes, constituées d'articles rigides articulés entre eux à l'aide de membranes souples. Les arachnides sont dotés de 6 paires d'appendices, qui sont, d'avant en arrière, les chélicères (première paire d'appendices), les pédipalpes (deuxième paire) et les quatre paires de pattes.

Arachnides: Classe d'Arthropodes à laquelle appartiennent, entre autres, les araignées et les scorpions. Traditionnellement, les arachnides regroupent tous les ordres de chélicérates adaptés à la vie terrestre, soit 11 ou 12 ordres actuels (les "acariens" sont généralement divisés en deux ordres). Cependant, les relations entre les différents groupes de chélicérates sont notoirement problématiques, et une étude récente suggère que les limules (Xiphosura) devraient être inclus dans les arachnides, ce qui rendrait artificielle la délimitation actuelle de cette classe.

Quelques exemples des ordres actuels contenus dans la classe des Arachnides

Arachnidisme: syndrome (ensemble de signes cliniques) d'envenimation par un arachnide venimeux (scorpion ou araignée, principalement). 

Arachnologie: Sous-discipline de la zoologie consacrée à l'étude des arachnides. Une personne qui fait de l'arachnologie est arachnologue. L'arachnologie comporte elle-même différentes spécialités (aranéologie, scorpionologie, acarologie...) en fonction de l'ordre étudié.

Arachnophobie: Peur irrationnelle des araignées.

Araneae: Nom scientifique de l'ordre des araignées, un des ordres de la classe des arachnides. Au sein des arachnides, les araignées sont caractérisées (entre autres) par la présence de filières au niveau de l'abdomen, de chélicères à deux articles dont le second est transformé en crochet venimeux, de pédipalpes transformés en organes copulateurs chez les mâles, et par une réduction importante ou totale de la segmentation de l'abdomen.

Ordre des Araneae et quelques exemples de familles qu'il contient (le nombre de familles change très vite, on en compte 131 en février 2022)

Aranéisme: syndrome (ensemble de signes cliniques) d'envenimation par une araignée. D'une espèce d'araignée à l'autre et, pour une même espèce, d'un patient à l'autre, les symptômes d'aranéisme peuvent varier énormément. On ne parle généralement d'aranéisme que pour les cas d'envenimation nécessitant une attention médicale. A l'exception de deux cas particuliers au tableau clinique caractéristique (envenimations par Latrodectus et Atrax), l'observation d'une araignée en train de mordre, écrasée sur la peau, ou dans le vêtement, est indispensable pour établir un diagnostic d'aranéisme. 

Aranéologie: Sous-discipline de l'arachnologie, spécifiquement consacrée à l'étude des araignées. Une personne qui étudie les araignées est aranéologue (et aussi arachnologue).

Aranéomorphes: un des deux infra-ordres d'araignées opisthothèles (l'autre étant les Mygalomorphes), caractérisées par des chélicères labidognathes et la présence de six filières fonctionnelles plus un cribellum ou un colulus. L'immense majorité (près de 47000 espèces) des araignées actuelles (environ 49600 espèces) sont des Aranéomorphes.

Hogna radiata, une des très nombreuses espèces d'Aranéomorphes

B.

Bulbe copulateur: Extrémité modifiée du pédipalpe de l'araignée mâle, transformée en un organe utilisé dans l'accouplement. La présence de bulbes donne un aspect renflé, de "gants de boxe", aux pédipalpes des araignées mâles adultes, et permet de faire aisément la différence entre une araignée mâle et femelle (adultes). Le bulbe permet au mâle de stocker son sperme (produit par les gonades situées dans l'abdomen) et se prolonge en un organe d'intromission, l'embolus, inséré dans la fente génitale de la femelle lors de l'accouplement. Au repos, le bulbe est recouvert par le cymbium.
Voir aussi: illustration de cymbium.

Portrait d'une araignée mâle montrant l'extrémité renflée des pédipalpes en "gant de boxe". Le "gant de boxe" est formé par le bulbe couvert par le cymbium.

C.

Calamistrum: brosse de soies raides situées sur le métatarse de la quatrième paire de pattes des araignées cribellates, utilisée pour peigner la soie qui sort du cribellum. 

Carapace: Bouclier rigide, monobloc, qui recouvre la face dorsale du céphalothorax des araignées et d'autres arachnides (à l'exception des solifuges et des acariens), et qui porte les yeux.

Céphalothorax:  Partie avant du corps d'un arachnide, à laquelle sont attachés tous les appendices (contrairement au terme "prosome", la définition du céphalothorax n'inclut pas les appendices qui y sont attachés). Le céphalothorax des araignées contient l'essentiel du système nerveux (partiellement centralisé, avec un ganglion nerveux plus développé que les autres formant un "pseudo-cerveau"), l'estomac, une partie de la machinerie musculaire qui met en mouvement les appendices, et, chez les Aranéomorphes, les glandes à venin (qui sont situées dans les paturons des chélicères chez les Mygalomorphes).

Champ (bloc) oculaire: La zone de la carapace où se trouvent les yeux, dont la forme est délimitée par le contour extérieur de ceux-ci. La disposition des yeux dans le champ oculaire est un critère utile dans l'identification des familles.

Trois exemples de champs oculaires: de gauche à droite, Lycosidae, Nemesiidae, Thomisidae

Chélicérate:  Un des sous-embranchements de l'embranchement des Arthropodes, caractérisés par la transformation du premier appendice en chélicère (et non en antenne comme chez les Myriapodes et les Pancrustacés). Les représentants actuels des Chélicérates sont les Arachnides, les Mérostomes (dont les Xiphosures, ou limules, qui devraient probablement être inclus dans les Arachnides) et d'étranges animaux marins, les Pycnogonides.

Chélicère: Première paire d'appendices à l'avant du corps des chélicérates, transformés en pièces buccales, impliquées dans trituration (≈mastication) de la nourriture, et, chez certains ordres d'arachnides (araignées, solifuges, certains acariens et quelques opilions), dans la capture et la mise à mort des proies. Chez les araignées, la chélicère est constituée de deux articles, dont le second est un crochet acéré et doté d'un canal à venin.

Chélicères en pinces d'un solifuge

Chitine: un polysaccharide (une molécule composée d'une chaîne de sucres), principal constituant de l'exosquelette des arthropodes, qui lui donne sa rigidité.

Clypeus: partie qui se situe entre les yeux de l'araignée et le bord avant de la carapace (qui surplombe les chélicères). Sa hauteur peut être un critère d'identification pour certaines familles.

Colulus: Organe vestigial qui remplace le cribellum chez les Aranéomorphes non cribellates.

Copulateur: impliqué dans l'accouplement.

Coxa (hanche): Partie fixée au céphalothorax, qui constitue le premier article des pattes et pédipalpes, et leur point d'ancrage sur le dessous du céphalothorax (numérotées I, II, III et IV sur l'illustration anatomique en haut du glossaire).

Cribellate: se dit d'une araignée dotée d'un cribellum. Une araignée dépourvue d'un cribellum est dite écribellate.

Cribellée: Se dit de la soie bouclée, produite par le cribellum et cardée à l'aide du calamistrum, utilisée par les araignées cribellates. La soie cribellée n'est pas collante, mais elle est fortement adhésive du fait de ses multiples fibres extrêmement fines qui s'accrochent aux surfaces grâce à la force de Van der Waals.

Cribellum: Plaque perforée, dotée de fusules, située devant les filières des Aranéomorphes cribellates. Le cribellum dérive d'une quatrième paire de filières, perdue ou transformée chez les araignées opisthothèles. Les fils de soie qui sortent des fusules du cribellum sont cardés à l'aide du calamistrum pour produire une soie bouclée, fortement adhésive, que l'on qualifie de soie cribellée. La soie cribellée présente un aspect laineux et blanchâtre caractéristique.

Vidole capensis (famille des Phyxelididae), une araignée cribellate, dans sa toile. Notez l'aspect blanchâtre et laineux de la soie cribellée qui compose sa toile.

Crochet: Second article des chélicères des araignées, en forme d'aiguille acérée, dotée près de sa pointe d'une ouverture par laquelle s'écoule le venin. Chez les Amblypyges et les Uropyges, le second article des chélicères a également une forme de crochet, mais dépourvu de canal à venin.

Crochets d'une mygale (Tliltocatl albopilosum) vus de dessous. La flèche rouge pointe l'orifice du canal à venin

Cymbium: Partie dorsale du dernier article du pédipalpe des araignées mâles, qui recouvre partiellement ou totalement le bulbe copulateur.

Pédipalpe d'une araignée mâle adulte (Coelotes atropos), vu de profil. Cy: cymbium, Bu: bulbe.

E.

Ecribellate: voir cribellate.

Embolus: Extrémité allongée du bulbe copulateur, que le mâle glisse dans la fente génitale de la femelle pour la féconder lors de l'accouplement.

Endites: Pièces buccales paires, situées derrière les chélicères et constituées par une expansion de la base (coxa) des pédipalpes. Les endites sont capables de mouvement et sont impliquées dans la trituration (≈mastication) de la nourriture. Pour illustration, voir sternum.

Entélégyne: Se dit d'organes génitaux de forme complexe, avec, chez les femelles, une plaque sclérifiée (l'épigyne) dotée d'une paire d'ouvertures supplémentaire et de canaux associés, dont la forme est généralement plus ou moins spiralée. Cette complexité se retrouve dans les palpes copulateurs des mâles, souvent dotés d'apophyses et d'un embolus enroulé sur lui-même, dont la forme correspond à l'épigyne de la femelle. Les organes génitaux entélégynes définissent, au sein des aranéomorphes, le groupe des Entelegynae, qui inclut près de 35000 espèces actuelles.

Avec ses bulbes de forme complexe à l'embolus enroulé, le mâle Labulla thoracica (famille des Linyphiidae) est typique des entélégynes

Epigyne: plaque sclérifiée qui recouvre la fente génitale des araignées entélégynes femelles. La forme des ouvertures de l'épigyne, des canaux et des structures qui les recouvrent sont des critères très importants pour l'identification des espèces.

Epigyne d'une femelle Coelotes atropos

Epigastrique (sillon): sillon qui creuse transversalement l'abdomen juste derrière les ouvertures des poumons (derrière la première paire chez les Mygalomorphes), le long duquel se trouve la fente génitale chez la femelle.

Vue ventrale de l'abdomen d'une Segestria florentina juvénile. La flèche verte pointe les poumons, la jaune le sillon épigastrique, la rouge les filières.

Exuvie: Ce que l'on appelle, dans le langage courant, une "mue", c'est-à-dire l'enveloppe vide laissée par un Arthropode qui a mué. Tous les Arthropodes grandissent par mues successives où l'ensemble du tégument est renouvelé, y compris les membranes articulaires et même les parois des appareils respiratoires et génitaux (pour ceux qui continuent à muer une fois matures, ce qui n'est généralement pas le cas). L'acte de muer, chez les Arthropodes et leurs cousins, s'appelle exuviation ou ecdysis, et n'a rien à voir, dans le détail, avec la mue des vertébrés, qui ne remplacent que la couche superficielle de leur épiderme (d'un bloc comme les lézards et serpents, ou petit à petit et en continu comme les mammifères).

Néphile de Madagascar (Trichonephila inaurata) fraîchement sortie de son exuvie (en haut), en train de faire sécher son nouveau tégument

F.

Fausses griffes: Rangée de soies épaisses, courbées et munies d'aspérités en dents de scie que l'on trouve sur le tarse de la quatrième paire de pattes chez les Theridiidae et les Nesticidae, qui leur permet de projeter à distance la soie sortie des filières, pour emballer une proie.

Rangée de fausses griffes sur le tarse d'une Theridiidae (Steatoda nobilis)

Fémur: Troisième des sept articles de la patte des araignées, qui forme la "cuisse" de la patte (voir illustration de planche anatomique en haut du glossaire).

Filières: Organes pairs, segmentés, situés sous l'abdomen (chez les Mesothelae) ou à son extrémité (chez les Opisthothelae) qui produisent la soie chez les araignées. Ces organes sont reliés à des glandes à soie, et l'extrémité de chaque filière est couverte de fusules, des tubes microscopiques qui produisent chacun une fibre de soie, qui s'agglutinent en fils. 

Filières à l'extrémité de l'abdomen d'une Segestria florentina (grossies 20 fois)

Folium: Dessin formé de cellules pigmentaires, qui orne la face dorsale de l'abdomen de certaines araignées, particulièrement les Araneidae. Sa forme et ses motifs peuvent aider à l'identification des espèces.

Le folium caractéristique d'une épeire à quatre points (Araneus quadratus)

Fovea: Fossette située à peu près au centre du céphalothorax, entre les régions céphalique et thoracique, sur laquelle s'ancre la musculature de l'estomac. Elle n'est pas toujours marquée, mais sa présence, sa taille et sa forme peut être un critère d'identification dans certaines familles.

La carapace de ce mâle Nemesia sp. porte, à peu près en son centre, une fovea très marquée

Fusule: Orifice tubulaire microscopique situé au bout des filières, par lequel sort une fibre de soie. Chaque glande à soie débouche sur de nombreuses fusules, et une filière en porte un grand nombre. Chaque fil de soie est constitué des fibres sortant de plusieurs fusules. 

G.

Genitalia: organes génitaux.

H.

Habitus: désigne l'aspect général d'un animal: coloration, motifs, morphologie... On parle d'habitus quand on parle de tout cela à la fois.

Haplogyne: Se dit d'organes génitaux de forme simple, avec un seul orifice qui débouche sur une paire de spermathèques chez la femelle, et un embolus non enroulé, placé dans le prolongement du bulbe chez le mâle. Contrairement aux entélégynes, les organes sexuels haplogynes ne définissent pas un groupe particulier au sein des araignées; toutes celles qui n'ont pas de genitalia entélégynes sont dites haplogynes.

Une araignée haplogyne (Izithunzi capense, Drymusidae) mâle, avec détail de ses pédipalpes, montrant l'embolus (Emb) non enroulé, prolongeant le bulbe (Bu).

Hémolymphe: Fluide clair, fonctionnellement analogue au sang des vertébrés, qui baigne les organes internes des Arthropodes, et assure le transfert des nutriments et gaz de respiration.

L.

Labidognathe: Se dit de chélicères qui se font face et bougent comme une pince, l'une vers l'autre. Les chélicères labidognathes sont caractéristiques des Aranéomorphes. 

Chélicères orthognathes (à gauche) et labidognathes (à droite) (source: Universalis France)

Labium: Pièce buccale impaire, située entre les endites, qui forme le plancher de la bouche.

Latérigrade: Décrit une disposition de pattes orientées vers les côtés, comme celles d'un crabe. On retrouve cette position latérigrade chez les pattes des araignées-crabes (Thomisidae), ainsi que chez les Sparassidae, les Philodromidae, les Selenopidae, les Trochanteriidae et certaines Sicariidae.

Les Selenopidae ont des pattes latérigrades, orientées sur les côtés comme celles d'un crabe

Latrodectisme: syndrome (ensemble de signes cliniques) d'envenimation d'un humain par une des espèces du genre Latrodectus (araignées veuves). Le venin de ces araignées fait effet sur le système nerveux. Les symptômes typiques du latrodectisme sont notamment une forte douleur qui s'intensifie dans la première heure et irradie dans les membres et le ventre, d'abondantes sueurs froides, une raideur des muscles abdominaux, et, plus rarement, nausées et vomissements, fièvre, contractions involontaires, raideurs ou fourmillements des muscles des membres, et encore plus rarement des problèmes cardiovasculaires (hypertension, anomalies du rythme cardiaque). La durée typique des symptômes du latrodectisme est de 1 à 4 jours, parfois avec des séquelles (fatigue importante, perte de poids) sur plusieurs semaines.

Loxoscélisme: syndrome (ensemble de signes cliniques) d'envenimation d'un humain par une des espèces du genre Loxosceles (araignées-violon ou "recluses"). Les Loxosceles spp., et plus largement l'ensemble des Sicariidae, sont dotées d'un venin qui cause la mort des cellules envenimées, et donc la nécrose des tissus. Les symptômes typiques du loxoscélisme sont locaux et cutanés, avec une évolution lente: initialement, la lésion présente généralement une petite pustule en forme de bulle entourée d'un érythème et d'un hématome qui peut évoluer, après plusieurs jours, en une escarre (sans pus) de diamètre millimétrique à centimétrique, dont la guérison est presque toujours spontanée mais lente (de l'ordre de la dizaine de semaines). Le loxoscélisme est notoirement difficile à diagnostiquer car de nombreux autres agents pathogènes peuvent causer des signes cliniques très similaires; l'observation de l'araignée en train de mordre, ou écrasée près de la morsure, est presque toujours nécessaire au diagnostic.

M.

Métasome: Partie différenciée, à l'extrémité de l'abdomen, qui forme une "queue" chez les scorpions, constituée de cinq segments et du telson (dard).

Métatarse: Avant-dernier des sept articles de la patte des araignées (voir illustration de planche anatomique en haut du glossaire).

Mesothelae: Un des deux sous-ordres de l'ordre des araignées, représenté par deux familles actuelles (les Liphistiidae et les Heptathelidae), toutes deux strictement asiatiques, qui incluent respectivement 67 et 107 espèces. Les Mesothelae se reconnaissent à une segmentation toujours apparente de l'abdomen, manifestée par une série de plaques dorsales, et la présence de 4 paires de filières situées sur le dessous de l'abdomen et non à l'arrière.

Mygalomorphae: Un des deux infraordres du sous-ordre des Opistothelae, l'autre étant les Aranéomorphes. Les mygalomorphes sont couramment appelées "mygales". Cet infraordre est caractérisé par la présence de 6 filières ou moins, sans cribellum ni colulus. Les mygales se distinguent aussi des Aranéomorphes par leurs chélicères orthognathes. La plupart vivent dans des terriers. L'infraordre des Mygalomorphae compte environ 3000 espèces, actuellement (14/02/2022) réparties en 30 familles (leur taxonomie change beaucoup). 

Cette Nemesia sp. (famille des Nemesiidae) présente une morphologie typique des mygales

O.

Opisthothelae: Un des deux sous-ordres des araignées, qui regroupe presque toutes les espèces actuelles (presque 50000). Les Opisthothelae sont caractérisées par une segmentation de l'abdomen totalement réduite et non visible, et la présence d'un large espace entre le sillon épigastrique et les filières, qui se trouvent à l'extrémité de l'abdomen. Les Opisthothelae ont toutes 3 paires de filières ou moins.

Opisthosome: Partie arrière du corps des Arachnides (synonyme: abdomen).

Orbitèle: Se dit d'une araignée qui tisse des toiles en forme de disque. Le terme "orbitèle" peut aussi s'utiliser pour décrire la forme de la toile.

Toile orbitèle typique (araignée: Gasteracantha sanguinolenta)

Orthognathe: Décrit des chélicères parallèles ou subparallèles, dont les crochets ne se croisent pas. Les chélicères orthognathes bougent principalement dans l'axe vertical, et les crochets se replient sur le dessous de la tige de chélicères. On retrouve les chélicères orthognathes chez les Mygalomorphes et les Mesothelae.(illustration: voir labidognathe)

Ovigère: Qui porte ou contient les œufs. Chez les araignées, on parle de cocon ovigère pour désigner le sac de soie plus ou moins élaboré dans lequel toutes les espèces enferment leur ponte.

Femelle Palystes castaneus et son énorme cocon ovigère

P.

Patella: Quatrième des sept articles de la patte des araignées, qui forme le "genou" de la patte (voir illustration de planche anatomique en haut du glossaire).

Paturon: Premier des deux articles des chélicères des araignées, aussi appelé "tige" ou "segment basal" de la chélicère.

Pédicelle: Partie resserrée qui constitue l'attache de l'abdomen au céphalothorax chez les araignées.

Pédipalpe: Deuxième des six paires d'appendices des arachnides, située entre les chélicères et la première paire de pattes. D'un ordre d'arachnides à l'autre, la forme des pédipalpes varie énormément et dépend beaucoup de sa fonction: ils sont transformés en pinces chez les scorpions et les pseudoscorpions, en appareils ravisseurs chez les amblypyges et certains opilions... Chez les araignées femelles, ils ressemblent à des pattes miniatures, tandis qu'ils sont transformés en organes copulateurs chez les araignées mâles. 

Les scorpions sont dotés de pédipalpes en forme de pinces, parfois très volumineuses

Porrectes:  Se dit de chélicères labidognathes dont les paturons sont légèrement à fortement inclinés vers l'avant (au lieu d'être perpendiculaires au céphalothorax).

Les chélicères de cette Dysdera sp. sont porrectes: les paturons pointent vers l'avant et non vers le bas

Prograde: Orientation "classique" des pattes des araignées, les deux premières paires pointant vers l'avant et les deux dernières vers l'arrière.

Les tégénaires ont des pattes progrades: les deux premières paires pointent vers l'avant, les deux dernières vers l'arrière

Prosome: Partie avant du corps des arachnides, incluant le céphalothorax et les appendices qui y sont attachés.

R.

Rastellum: Plage d'aspérités ou de protubérances épineuses sur l'avant de la tige des chélicères, dont sont dotées certaines araignées fouisseuses, qui leur permet de creuser.

S.

Sclérifié: Se dit d'une structure renforcée par de la chitine, qui lui donne résistance et rigidité.

L'abdomen des Gasteracantha spp. est recouvert d'un bouclier dorsal sclérifié et épineux

Scopula: Brosses adhésives, constituées de soies très denses et minuscules, situées à l'extrémité des pattes de certaines araignées, qui adhèrent aux surfaces lisses grâce à la force de Van der Waals (comme les doigts des geckos).

Scopula sur la face ventrale d'un tarse de mygale (Tliltocatl albopilosum)

Scorpionisme: syndrome (ensemble de signes cliniques) d'envenimation par un scorpion. En fonction de l'espèce de scorpion incriminée et de l'individu piqué, les signes cliniques et leur intensité peuvent être très variables, d'une douleur faible et passagère à, dans les cas les plus extrêmes, des symptômes qui mettent en danger la vie du patient. 

Séricifère: qui produit de la soie. Synonyme: séricigène.

Soie (du fil de soie): substance complexe, constituée de protéines et d'eau, formée, à l'échelle moléculaire, de "blocs" cristallins et des "ponts" amorphes, qui permettent aux "blocs" de bouger en restant liés quand le fil de soie s'étire ou se détend, ce qui lui donne à la fois une grande solidité et une remarquable élasticité. La soie est produite sous forme liquide par les glandes séricigènes, mais durcit et forme des fibres au contact de l'air à la sortie des fusules. Une araignée est dotée de plusieurs (jusqu'à sept) types de glandes, qui produisent chacun un type de soie aux propriétés et usages différents. Les araignées utilisent la soie pour divers usages, comme emballer leurs pontes, leurs proies, construire des toiles, des loges de repos, comme fil de sécurité... Certains acariens, et les pseudoscorpions, produisent eux aussi de la soie, mais pour des usages plus limités que chez les araignées.

Soie ("poil"): Excroissance tégumentaire, faite de chitine, visuellement et fonctionnellement similaire au poil des mammifères. Contrairement au poil, la soie ne pousse pas en continu, car elle n'est pas reliée à un organe qui la fabrique. Les soies sont donc renouvelées avec le reste de l'exosquelette à chaque mue, et s'usent entre deux mues. Il existe plusieurs types de soies, celles-ci pouvant avoir l'aspect d'écailles, de poils ou d'épines, et remplir des rôles aussi divers que la protection, la communication visuelle ou la défense. 

Soies de différents types sur un pédipalpe de solifuge

Stabilimentum: bande de soie non collante tissée par certaines araignées en travers de leur toile orbiculaire. La fonction exacte du stabilimentum est encore mal comprise, probablement multiple et différente d'une espèce à l'autre. 

Stabilimentum en spirale sur la toile d'une jeune Uloborus plumipes

Sternite: plaque ventrale de segment de l'abdomen. Chez les araignées, ils sont complètement régressés. (voir abdomen)

Sternum: Bouclier chitineux présent sous le céphalothorax, entre les coxae.

Face ventrale du prosome d'une Dysdera crocata. E: endites, L: labium, S: Sternum

 

T.

Tapetum lucidum: Membrane réfléchissante qui tapisse le fond des yeux de certaines araignées nocturnes, et qui leur permet de voir dans l'obscurité. On reconnait les yeux dotés d'un tapetum car ils  luisent quand une lumière les atteint, comme ceux des chats. Ce scintillement est visible à plusieurs mètres de distance, même sur de petites araignées.

C'est le tapetum lucidum qui fait briller l’œil médian postérieur de cette araignée nocturne (Cheiracanthium sp.)

Tarse: Dernier des sept articles des pattes des araignées. A son extrémité, le tarse est équipé de griffes, qui sont au nombre de trois ou de deux + une touffe de scopula. Ces griffes permettent aux araignées de s'accrocher aux aspérités des surfaces et aux fils de soie. Les autres arachnides sont également dotés de griffes tarsales; chez certains ordres (solifuges, opilions), le tarse est segmenté (voir illustration de planche anatomique en haut du glossaire).

Telson: Dernier segment du métasome des scorpions, constitué d'une vésicule bulbeuse contenant les glandes à venin, et du dard (aculeus).

Tégument: Enveloppe externe du corps des arthropodes, faite de tissu rigide et sclérifié (exosquelette) et d'une "peau" souple, fine et flexible (cuticule).

Tergite: plaque dorsale de segment de l'abdomen. (voir abdomen)

Tibia: Cinquième des sept articles de la patte d'une araignée, situé entre la patella et le métatarse (voir illustration de planche anatomique en haut du glossaire).

Trichobothrie: Organe sensoriel, très innervé, permettant de détecter les vibrations et les mouvements de l'air, constitué d'une soie très fine (surtout près de la base) et longue, placée au milieu d'une minuscule structure en forme de coupe, la bothrie. La soie est mise en mouvement par les vibrations de l'air, au milieu de la bothrie qui capte le sens et l'intensité du mouvement de la soie, renseignant sur la direction, l'intensité et la distance de la vibration captée. La plupart des arachnides sont dotés de trichobothries, sauf les solifuges, les ricinules et les opilions.

Trochanter: Deuxième des sept articles de la patte, situé entre la coxa et le fémur. Chez les araignées, le trochanter est généralement assez court et en forme d'anneau (voir illustration de planche anatomique en haut du glossaire).

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